Continent américain

Au mois de juillet, une suite de séismes aux Amériques : à quand le Big One ?

28 Août 2023

Durant le mois de juillet, l’activité sismique en Amérique du Nord et du Sud s’est révélée particulièrement intense. Pourtant, rien ne semble anormal : en effet, les deux continents sont bordés par trois plaques tectoniques et des chaînes de montagnes, ce qui en fait l’une des régions les plus actives en termes de sismicité. 

Pourtant, entre le 10 et le 18 Juillet, ce ne sont pas moins de cinq séismes d’une magnitude supérieure à 6,3 qui ont fait trembler la terre. De l’État de l’Alaska à l’extrême nord du continent nord-américain jusqu’à l’Argentine, ces séismes ont constitué une intensité sismique plus forte que la moyenne : ce qui inquiète les spécialistes.

Comment expliquer l’augmentation de l’intensité sismique aux Amériques ? 

Le long de la côte ouest des Amériques, l’activité sismique est forte : les plaques nord et sud-américaines s’entrechoquent avec la plaque Pacifique et la Plaque Nazca, qui donne souvent lieu à des séismes de forte magnitude le long de la Cordillère des Andes en Amérique du Sud, et de la Faille de San Andreas en Amérique du Nord. Cette zone est d’ailleurs surnommée la ceinture de feu du Pacifique, tant son activité y est importante. 

Par ailleurs, on y détecte aussi des plaques de moindre importance, mais qui ont pour effet d’accroître ces mouvements sismiques en s’entrechoquant plus fréquemment avec les Plaques Pacifique, Nazca, San Andreas et Howard.

Ainsi, cette activité sismique est loin d’être anormale. Ce qui inquiète les spécialistes reste cependant le caractère rapproché de ces séismes, ainsi que leur intensité moyenne. 

En outre, l’accélération de la fréquence des séismes à haute intensité est annonciatrice de déplacements des plaques plus importants. Ce phénomène est normal, mais peu fréquent : en outre, on estime que les déplacements de failles et croûtes terrestres de grande ampleur se produisent une fois par siècle au maximum. 

Néanmoins, étant donné la complexité tectonique de la région Pacifique, il n’est pas surprenant que cette succession de séismes soit constatée du nord au sud des Amériques.


“Le Big One” : est-il à prévoir dans les prochaines années ?

Dans une région avec une activité sismique aussi importante, l’éventualité d’un tremblement de terre d’une violence inouïe est malheureusement une certitude. Ce phénomène, appelé le Big One, correspond à un séisme de magnitude supérieure à 7,5 et dont les dégâts engendrés sont de l’ordre de la destruction partielle ou totale. Néanmoins, aujourd’hui, le terme Big One est surtout utilisé pour désigner le séisme en question qui surviendra à terme en Californie, le long de la faille de San Andreas. Selon les sismologues, la fréquence de ce tremblement de terre serait tous les 150 ans en moyenne. 

Le dernier tremblement de terre de grande ampleur en Californie remonte à 1906, qui toucha la ville de San Francisco. Avec une magnitude de 7,9 sur l’échelle de Richter, ce séisme avait causé la destruction de la ville américaine à plus de 80 %.

Ainsi, selon les dernières études sismologiques et une réévaluation des risques dans la région effectuée en 2016, la probabilité qu’un Big One survienne en Californie à l’horizon 2030 est actuellement de 62%, avec une prédiction d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter : soit une intensité équivalente à celui de 1906. Selon les dernières études, la localisation la plus probable (et donc, l’hypothèse la plus envisagée par les sismologues)  de l’épicentre serait dans la faille de Puente Hills, située sous la ville de Los Angeles. Avec une prédiction de déplacement de la faille sur environ 6 mètres, les conséquences de ce futur Big One pourraient être dévastatrices, malgré les mesures anti-sismiques mises en place au fil des années.

En Amérique du Sud, la probabilité d’un Big One n’est pas à écarter non plus. Après le mégaséisme dévastateur de 1960 au Chili, d’une magnitude de 9,5 et qui avait engendré une éruption volcanique majeure et un tsunami  sur plus de 10 000 kilomètres, on redoute également le prochain séisme. De plus, celui-ci pourrait être d’une magnitude égale à celui de 1960, et causer des dommages encore plus importants, du fait de l’augmentation de la densité de la population chilienne sur les 60 dernières années.


Sixtine Pillière
Notre photo : la faille Saint Andréas, une épée de Damoclès pour la Californie