Parlement

Débroussaillages, prévention, moyens : 70 propositions du Sénat contre les feux de forêt

4 Août 2022

Pour éviter l'embrasement de la forêt, menacée par le réchauffement climatique, un rapport du Sénat a dévoilé le 3 août dernier, 70 propositions, qui mettent l'accent sur un relèvement des objectifs de débroussaillage, sur la prévention et sur un net renfort de moyens matériels et humains.

Le rapport préconise entre autres de revenir sur les 500 suppressions de postes prévues d'ici à 2025 à l'Office national des forêts (ONF) et, au contraire, d'étendre le périmètre d'intervention de cette institution en souffrance qui gère les 11 millions d'hectares de forêts publiques françaises. Si la stratégie française de surveillance et d'intervention rapide a "fait ses preuves", en divisant par cinq les surfaces annuelles brûlées sur la période 2015-2020 par rapport aux années 1980, "la France doit toutefois se préparer à une évolution défavorable du risque, structurellement causée par le  réchauffement climatique et l'augmentation de la biomasse forestière", note le rapport réalisé par six élus du centre et de la droite.

Ce risque se manifeste par une intensification des feux, en fréquence et en virulence, par l'extension géographique de la menace vers le nord du pays -illustrée en juillet par un rare incendie d'ampleur en Bretagne - et par l'élargissement de la période de danger, désormais annuelle et non plus limitée à l'été. "Les risques des feux de forêt doivent être désormais intégrés dans les politiques publiques au même titre que ceux d'inondations ou industriels",
explique à l'AFP l'un des rapporteurs, Pascal Martin. "Aucun département n'est plus aujourd'hui à l'abri. Et la saison est loin d'être terminée", rappelle cet ancien colonel des sapeurs-pompiers, quelques semaines après les incendies hors normes qui ont frappé la Gironde.

95% des incendies sont d'origines humaines

Rappelant la grande efficacité du débroussaillage pour prévenir les feux, réduire leur intensité et préserver les habitations, les sénateurs constatent  que cette obligation légale, pour environ 3 millions de propriétaires privés, est trop peu appliquée: "souvent moins de 30%". Pour y remédier, ils proposent
plusieurs leviers : plan de sensibilisation, sanctions pénales renforcées, incitations fiscales ou augmentation de la franchise d'assurance en cas de non-respect. Le rapport préconise aussi de valoriser le rôle des activités pastorales et agricoles qui, en "créant des discontinuités de végétation, jouent le rôle de pare-feu".

Les élus déplorent l'insuffisance des moyens aériens et réclament une augmentation des fonds annuels alloués aux services départementaux d'incendie  et de secours (SDIS). Face à une gestion jugée insuffisante de la forêt privée, qui représente trois quarts de la forêt française, les sénateurs proposent "d'abaisser le seuil d'obligation" de gestion durable pour la forêt privée à 20 hectares, contre 25 à ce jour.

Enfin, après un incendie, les sénateurs souhaitent que l'aide de l'État pour reboiser soit conditionnée "à des choix d'essences et de gestion adaptés au risque incendie (par exemple en maintenant des pare-feux, en expérimentant des corridors de feuillus ou une moindre densité de peuplement)". "Rien n'est pire que l'incendie: aucune gestion forestière, aussi contestable soit elle, n'est pire que l'incendie", a mis en garde Jean-Yves Caullet, président du conseil d'administration de l'ONF. Mais "nous ne sommes pas démunis : 5% des incendies sont responsables de 90% des dégâts" et "95% des incendies sont d'origines humaines", a-t-il rappelé lors d'une audition à l'Assemblée nationale où il a défendu les moyens d'actions de l'ONF.

Source AFP

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