Catastrophe climatique

Des crues et des inondations à répétition dans le Pas de Calais

14 Novembre 2023
Subissant des épisodes de fortes pluies depuis la mi-octobre et après le passage, lourd de conséquences, de la tempête Ciaran, voilà que les événements catastrophiques qui ont touché de nombreuses régions de l’hexagone se sont prolongés dans le département du Pas de Calais où l'on déplore des crues historiques.
 
Ce sont les répercussions directes de cette tempête et la pluviométrie anormale des semaines passées qui vont tout faire basculer avec l’apparition d’inondations de grande envergure. En l’espace d’une seule semaine, l’équivalent de 6 mois de pluie est tombé dans le département nordiste causant une sinistralité importante.  
 
Le Pas de Calais est alors placé en vigilance rouge pour un risque de crues intempéries entre le 5 et le 9 novembre. L’indice d’humidité des sols du pays de Calais n’a jamais été aussi élevé depuis plus de 50 ans et les sols, complètement détrempés, ne peuvent plus absorber les eaux pluviales. Au lendemain des fortes intempéries du 7 novembre, une soixantaine de communes ont été inondées par une crue qualifiée d’exceptionnelle par Vigicrues. « Il est tombé entre 350 et 400 millimètres de pluie sur les 30 derniers jours, soit l'équivalent de six mois de pluie moyenne sur le secteur », a fait savoir Rachel Puechberty, directrice adjointe du service Vigicrues aux journalistes de France info.
 
Dans le même temps, sept personnes ont été blessées dans le Pas de Calais et le Nord a fait savoir le ministre de l’intérieur Gerald Darmanin sur X (anciennement Twitter). 
 
Une situation complexe
 
Les interventions des secours se comptabilisent par centaines et 1500 pompiers sont sur « le pied de guerre ». Le dispositif Fr-Alerte a été enclenché avec pour objectif d’ordonner à tous les habitants d’annuler leurs déplacements, de se réfugier en hauteur et de couper le gaz et l’électricité. En fin d’après-midi du 7 novembre un nouveau communiqué tombe : le niveau de l’eau risque de monter encore et pourtant la situation est déjà "très très difficile" d’après le vice-président de la région Hauts-de-France en charge des mobilités, des infrastructures de transport et des ports, Franck Dhersin.
 
Par mesure de précaution de nouvelles dispositions à effet immédiat sont alors prises : les transports en commun ne circulent plus et les établissements scolaires sont fermés dans le secteur de trentaines de communes du bassin de L’Aa. L’alerte rouge pluie-inondations est donc renouvelée dès jeudi en raison d’un épisode pluvieux à venir, qualifié d’intense par Météo France. L’organisme publique ne cache d’ailleurs pas ces inquiétudes ; plaçant cet épisode climatique dans un « d’un contexte hydraulique très préoccupant ».
 
Et dès 13 heures le jeudi 8 novembre, 200 communes se retrouvent sans services publiques et le ministre de l’intérieur annonce des pluies dépassant les prévisions faites. Les dégâts enregistrés dans la nuit du 9 au 10 novembre sont considérables et il est fait état de 107 communes inondées pour 133 évacuations. Si aucune comparaison n’est possible, certains la font tout de même. A l’instar de Geoffroy Ritoux, habitant de Montreuil sur Mer, qui explique que " le sud de la France connait bien mieux les inondations que le Nord et qu’ils ont, de surcroît, l’avantage de vivre sur un terrain montagneux dont les pentes favorisent l’écoulement des eau " .
 
La reconnaissance de catastrophe naturelle dès le 14 novembre 
 
Christophe Bechu, ministre de la Transition Écologique, annonce, le 10 novembre, que l'état de catastrophe naturelle sera reconnu dès le 14 novembre pour les villes touchées dans le Pas-de-Calais et le Nord. 
 
La situation dans la commune de Blendecques
 
Portons notre attention sur la commune de Blendecques où des dizaines d’habitants ont été évacués. La salle de sport est pleine, la mairie manque de solutions d’hébergement. L’adjoint au maire, Vincent Maquignon, alerte sur une saturation. « Il faut que les gens puissent accueillir les Blendecquois, il faut ouvrir les hôtels, les centres d’accueils et même demander l’aides des habitations épargnées », explique l’élu qui appelle à une grande solidarité. D’autant que cette commune de l’Audomarois est traversée par l’Aa, fleuve côtier, toujours placé en vigilance rouge ce samedi, dont l’eau continue de monter. Lui-même sinistré, il témoigne d’une situation terrible : « Chez moi, dans mon quartier, il y a 1,60 m d’eau dans les maisons ».
 
A l’heure du bouclage de cet article, 10 000 personnes sont directement sinistrées des crues et de ces pluies diluviennes. 270 d’entre-elles ont dû être évacués d’urgence par les pompiers et la Sécurité civile, la plupart en pleine nuit, et 700 foyers, restent encore privés d’électricités et de moyens de communication.
 
Olivier de Vanssay
Photo-titre : vue aérienne du village de Setques, le 11 novembre (Antony Brzesky, AFP)
Des pompiers interviennent, le 7 novembre, près de Boulogne sur Mar (photo : Denis Charlet, AFP)
Dans une rue de la commune de Neuville sous Montreuil, le 9 novembre (photo : Sameer al_Doumy, AFP