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La COP 28 de Dubaï : la plus importante depuis Paris 2015 ?

2 Décembre 2023

La 28ème Conférence des Nations unies sur le changement climatique s’est ouverte à Dubaï ce 30 novembre et pour une durée de deux semaines.

Le président émirati, Sultan al Jaber, ne passe pas par quatre chemins quand il est question pour lui de définir le sens même de cette COP 28. Ses ambitions sur la résolution des enjeux climatiques visent à « parler des sujets qui fâchent ». Vaste programme pour les dirigeants locaux, tant les sujets grinçants ne cessent d’être écartés édition après édition pour laisser la place à de belles paroles rarement suivies d’actes forts et significatifs.

Créer en 1995 par L’ONU, La Conférence des parties (COP) ou Conférence des pays signataires, est une réunion annuelle des pays qui se sont engagés à respecter la convention des Nations unies sur la question des enjeux environnementaux. Celle-ci s’appuie uniquement sur le rapport officiel du GIEC, rassemblant les travaux des plus éminents scientifiques sur le sujet climat environnement.

 

« Le prix à payer sera la vie humaine »

L’ambition des COP est d’acter la mise en œuvre de mesures internationales communes pour lutter contre le réchauffement climatique. La COP 28 démarre d’ailleurs « sur les chapeaux de roues ». En effet ce jeudi 30 novembre le secrétaire exécutif de la convention des Nations unies, Simon Stiell, n’a pas maché ses mots : « Si nous ne donnons pas le signal terminal de l’ère fossile, telle que nous la connaissons, nous préparons notre propre déclin terminal » a-t-il fustigé devant une assemblée composée majoritairement des délégués.

Les Émirats ont vu les choses en grand pour cette édition. Aux portes du désert, le site de l'Exposition universelle de 2020 devient pour quinze jours, le cœur de la diplomatie climatique. Les Émirats et l'ONU espèrent une COP aussi historique que celle de Paris en 2015. Et ce sont 140 dirigeants du monde entier qui défilent à partir d’aujourd’hui à Dubaï. L’audience de cette Cop se voit cette année multiplier par deux, passant de 45 à 97 000 personnes accréditées par rapport à la COP 27 d’Égypte. (délégations, média, ONG, lobbys, etc.)

Le but de cette COP 28, sous sein Emirati, est de voir les États membres prendre volontairement un grand nombre d’engagements. Citons par exemple le besoin d’une nouvelle concertation afin de tripler d’ici 2030 les technologies renouvelables, telles que l’éolien ou le solaire, ou surtout d’envisager une aide financière réelle, concrète et quantifiée, des pays riches vers les plus vulnérables.

Cependant n’auront de valeur que les textes officiels, ceux qui précisément seront adoptés pendant cette COP. Ils n’ont gage de validité que lorsqu’ils sont pris dans le respect méticuleux du processus de l’ONU où le consensus est obligatoire.

 

La COP, une image de marque fragile

Il peut aussi bien ne rester de la COP que de bonnes paroles se soldant par le fiasco de cette réunion que la prise d’engagements conduisant à un nouveau mode de production et de gestion de l’activité humaine. La controverse ne déroge pas à cette édition et souligne les freins à parler des énergies fossiles chez certains pays producteurs. Pour John Kerry, émissaire américain pour le climat « c’est au fruit que l’on juge l’arbre »

Quand nous savons que le président de la COP 28, Sultan al-Jaber, est également le directeur général de la compagnie pétrolière nationale Adnoc cela peut interpeler. Bien entendu cette double casquette de leader pétrolier et de parrain de LA COP 28, ne devrait pas empêcher la prise de mesures concrètes quant à la réduction carbone.

Il n’en demeure pas moins que Adnoc est sous le feu des critiques après la publication par la BBC et le Centre for Climate Reporting de notes internes de préparation de réunions officielles énumérant des arguments pour la promotion des projets d'Adnoc à l'étranger. Tout ceci, bien entendu, est démenti par le principal intéressé.

Parce que les solutions trouvées ne sauront prouver leur efficacité sans la présence massive des acteurs privés, les entreprises ont le droit au tapis rouge durant cette COP. Leurs impacts sociétaux sont tels que les leaders de la tech, de l’industrie ou encore de la santé et du transport sont reçus avec les mêmes égards que les leaders politiques.

 

Et quel retour dans l’Hexagone pouvons-nous établir depuis la dernière COP ?

La COP de Paris de 2015 était le cœur du monde et dire que celle-ci était fortement médiatisée serait un euphémisme tant ses annonces révolutionnaires ont agité l’opinion publique. En dépôt de son du succès médiatique permettant une prise de conscience toujours plus généralisée, l’immense majorité des annonces n’ont pour autant jamais été appliquées.

Et donc bien évidemment les effets du gaz à effet de serre n’ont cessé d’augmenter depuis 8 ans, en dépit des directives prises. Mais, et là est toute la nuance, alors qu'on tablait à l'époque sur 16 % d'augmentation d'ici 2030, l'ONU Environnement ramène désormais la hausse à 2 %. Ce ralentissement n'est pas attribuable au seul texte mais la transition énergétique est indéniablement engagée, bien que plaçant toujours le monde sur une trajectoire de réchauffement invivable.

Depuis 2015, une centaine de pays se sont engagés à la neutralité carbone, le solaire est devenu l'énergie la moins chère pour générer de l'électricité, le pic de la demande en énergies fossiles semble ralentir en cette décennie et l'Agence internationale de l'énergie s'attend à ce que plus du tiers des voitures neuves dans le monde soient électriques en 2030.

Comme quoi tout évolue, à un rythme certes peu contrôlé mais réel. Trop lent pour certains, inutile pour d’autres et destructeurs d’emploi pour beaucoup, les mesures écologiques et politiques prises durant la COP ne sont cependant pas à sous-estimer.

 

Les enjeux sont encore remis à jour cette année

Le marché du carbone par exemple ou comment permettre de compenser les polluant d’un pays par un autre grâce à des investissement éco- responsable vont encore être détaillés.

Du côté de la biodiversité les initiatives lancées à Glasgow pour protéger les forêts amazoniennes vont être votées. Continuons avec les Énergies fossiles sur lesquelles les pays vont rediscuter de l’ambition commune de mettre fin au charbon notamment dans les pays pauvres.

L’Afrique pourrait se voir doter annuellement d’une enveloppe de 8 milliards de dollars pour développer les énergies renouvelables. Il en va de même pour l’Inde ou encore l’Indonésie.

Sur le pan vital de l’agriculture, deux visions différentes continuent de s’affronter depuis la COP 23, à savoir l’agroécologie ou l’agriculture dites « climato-intelligente ». Reste à voir laquelle de l’une ou de l’autre remportera les suffrages cette saison.

C’est donc avec de tels objectifs que cette quinzaine pour le climat espère redorer son blason. En conclusion, gageons qu’à défaut de nouveautés mais avec autant de moyens déployés, la COP 28 sera l’occasion pour les leaders du monde de trouver un consensus visant un avenir écologique et responsable pour l’emploi et parvenir ainsi à un équilibre économique à long terme.

 

Olivier de Vanssay
Photo : Beata Zawrzel / Nurphoto via AFP

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